Ramonage : déductibilité des impôts, conditions et avantages à connaître

730 000 feux de cheminée sont recensés chaque année en France, et ce chiffre n’a rien d’anecdotique. Bien plus qu’une opération routinière, le ramonage s’invite dans la vie fiscale des ménages, bousculant parfois les idées reçues sur ses avantages supposés. Aux frontières du simple entretien et de la déclaration d’impôts, il trace une ligne de démarcation que tout propriétaire ou locataire devrait connaître. Les règles, elles, se resserrent et évoluent : focus sur ce que le fisc attend vraiment, sur ce qui change et sur les pièges à éviter.

La question fiscale du ramonage n’a rien d’un détail technique : selon que vous vivez dans votre résidence principale, une maison secondaire ou que vous gérez un local professionnel, les règles changent. Les plafonds de dépenses et la liste des travaux qui ouvrent la porte à une réduction d’impôt ne sont pas figés, et l’administration ne laisse rien au hasard. 2024 a déjà apporté son lot d’ajustements, tandis que 2025 se profile avec des évolutions attendues. Une vigilance s’impose avant de cocher la moindre case sur sa déclaration.

Le ramonage à domicile : une obligation souvent méconnue

Le ramonage ne se limite pas à quelques coups de brosse dans un conduit. La réglementation le rend incontournable pour quiconque possède une cheminée, un poêle ou une chaudière. Pour un logement non meublé, la note revient au locataire : c’est une charge clairement établie, qui ne laisse pas place à l’interprétation. Le propriétaire, de son côté, n’a la possibilité de déduire ces frais de ses revenus fonciers que dans un seul cas : si le locataire n’a pas réglé la facture à la fin du bail.

Impossible d’improviser le choix du professionnel. Un ramoneur doit avoir une qualification reconnue, CAP, BP, diplôme inscrit au RNCP. Si la compétence vient de l’étranger ou d’une expérience particulière, c’est à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) de délivrer l’attestation. Deux assurances sont incontournables : la décennale et la responsabilité civile professionnelle. Ces garanties protègent les deux parties, et témoignent du sérieux de l’artisan.

Au-delà de l’aspect technique, le ramonage conditionne aussi la couverture de l’assurance habitation. En cas de sinistre, l’attestation du ramoneur fait foi. Avant de confier vos conduits, vérifiez que le professionnel peut justifier de ses diplômes et assurances. Un entretien régulier ne protège pas seulement la maison contre les risques d’incendie ; il répond à une obligation légale, souvent ignorée mais impossible à contourner.

Quels frais de ramonage peuvent être déduits des impôts en 2024 et 2025 ?

Quand il s’agit d’alléger la facture fiscale, le ramonage suscite beaucoup d’espoir… pour peu de résultats. La règle est claire : les frais de ramonage ne sont pas admis en déduction d’impôt sur le revenu, ni en 2024, ni en 2025. Impossible de bénéficier du crédit d’impôt pour les services à la personne, ni de réduire ses revenus fonciers côté bailleur. L’administration fiscale classe le ramonage dans l’entretien courant, là où certains petits travaux de jardinage ou de bricolage, eux, restent éligibles.

Voici comment l’administration opère la distinction entre les opérations ouvrant droit ou non à un avantage fiscal :

  • Les petits travaux de bricolage, dans la limite de 500 euros par an et deux heures par intervention, sont pris en compte pour le crédit d’impôt.
  • Les prestations de jardinage relèvent également des services à la personne, et permettent de réduire la facture fiscale.
  • Quant au ramonage, même réalisé par un professionnel déclaré, il reste à l’écart de tout dispositif préférentiel.

En clair, seuls certains travaux d’entretien, définis avec précision, ouvrent la voie à une déduction fiscale. Les dépenses pour l’entretien des équipements de chauffage ou pour le ramonage ne figurent pas dans cette liste. La règle s’applique aussi bien pour un propriétaire occupant que pour un bailleur, qu’il s’agisse d’une déclaration classique ou d’une intervention réalisée par un organisme agréé. Pour le fiscaliste averti, la frontière entre entretien courant et travaux valorisés fiscalement est parfois ténue, mais le ramonage, lui, ne franchit jamais cette limite.

Conditions à remplir pour bénéficier des avantages fiscaux liés au ramonage

La réglementation fait la distinction entre les services à la personne qui donnent droit à un avantage fiscal et les travaux d’entretien non concernés. Le ramonage ne figure pas sur la liste des prestations qui ouvrent droit au crédit d’impôt, mais certains travaux connexes, eux, peuvent entrer dans le dispositif à condition de respecter des critères précis.

Pour espérer un crédit d’impôt, la prestation doit relever du domaine des services à la personne : petit bricolage (deux heures maximum par intervention, plafonné à 500 euros par an), ou jardinage (plafond annuel à 5 000 euros). Il faut que l’intervention ait lieu au domicile, que le particulier soit le client direct, et que le prestataire soit déclaré, association agréée, organisme habilité ou salarié rémunéré via le CESU. La déclaration se fait lors de la déclaration annuelle des revenus, avec justificatif à l’appui (note ou facture délivrée par le prestataire).

Le crédit d’impôt correspond à 50 % des dépenses éligibles, dans la limite d’un plafond variant de 12 000 à 20 000 euros selon la situation familiale, la présence d’une personne en situation de handicap ou d’un enfant à charge, ou encore lors de la première année d’emploi à domicile. Ce plafond peut être augmenté si un ascendant bénéficiaire de l’APA vit au domicile.

Mais la vigilance est de mise : l’entretien des équipements de chauffage, comme le ramonage, reste hors du dispositif. Seules les opérations listées, bricolage, jardinage, permettent de prétendre à une réduction ou un crédit d’impôt. Les justificatifs (factures, devis détaillés) doivent toujours être conservés pour répondre aux éventuelles demandes de l’administration fiscale.

Femme d affaires vérifiant des documents dans la cuisine

Ce que les évolutions réglementaires changent pour les particuliers employeurs

Depuis les dernières réformes, les particuliers qui emploient directement un professionnel du ramonage doivent suivre un cadre précis. Chaque intervention nécessite désormais une attention particulière sur les procédures à respecter : la déclaration préalable à l’embauche (DPAE) auprès de l’Urssaf doit être réalisée avant toute mission, même ponctuelle. Cette formalité officialise l’embauche et encadre la relation de travail.

Le particulier employeur doit également remettre un contrat de travail à son salarié, inscrire ce dernier au registre unique du personnel et veiller à son affiliation à la caisse de retraite complémentaire Agirc-Arrco. Les règles de sécurité et de santé au travail s’appliquent aussi à l’emploi à domicile : élaboration du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), respect de la convention collective du BTP, et délivrance, si nécessaire, de la carte BTP pour les salariés du bâtiment.

À chaque intervention, le ramoneur, qu’il soit micro-entrepreneur ou salarié, doit systématiquement proposer un devis avant les travaux et remettre une note ou une facture détaillée une fois la mission terminée. Ce document, indispensable pour toute démarche fiscale ou contestation, doit mentionner la qualification du professionnel et ses assurances (décennale et responsabilité civile professionnelle).

Les obligations à respecter sont claires :

  • Déclaration préalable à l’embauche obligatoire
  • Contrat de travail remis au salarié
  • Inscription au registre du personnel
  • Affiliation à la caisse de retraite Agirc-Arrco
  • Remise d’un devis et d’une facture détaillée à chaque intervention

Respecter ce cadre, c’est sécuriser l’intervention et formaliser la relation d’emploi à domicile. À la clé : la garantie que l’opération s’effectue dans les règles, sans mauvaise surprise lors d’un contrôle, et la possibilité de bénéficier d’un avantage fiscal lorsque la prestation y est éligible. Le ramonage, quant à lui, conserve son statut à part. Il s’impose, certes, mais n’ouvre pas la voie aux allègements fiscaux tant espérés. Le feu crépite dans la cheminée, mais du côté des impôts, la flamme reste sous contrôle.